service public . Après l’annonce du changement de statut de l’établissement, cinq syndicats prévoient une journée d’action à la rentrée.
Ce sera l’un des dossiers chauds de la rentrée sociale : le lancement de la privatisation de La Poste. Son président, Jean-Paul Bailly, a en effet annoncé début juillet qu’il présenterait dès la rentrée un projet de changement de statut de l’entreprise. Tout en faisant mine d’en être à l’étape de la simple « réflexion », le président a livré les grandes lignes d’un projet déjà bien ficelé. Dès 2009, le gouvernement veut transformer La Poste, actuellement établissement public, en société anonyme, dont le capital sera ouvert à hauteur de 10 % à 20 %. En 2009 doit aussi commencer la transposition en droit français de la directive européenne de février dernier, qui impose la libéralisation totale du courrier au 1er janvier 2011. Le gouvernement compte profiter de cette concomitance pour présenter la privatisation de La Poste comme l’oeuvre de « Bruxelles ». En réalité, la directive n’impose pas de changement de statut des opérateurs postaux en Europe.
En attendant, le président de La Poste a déployé sa « com » pour tenter de rassurer les salariés et les usagers. Dans un message téléphonique, il a expliqué au personnel (280 000 fonctionnaires et contractuels) que cette « évolution » est « indispensable », et qu’il est « erroné » de « parler de privatisation » car, selon lui, la mission de service public de La Poste empêche l’État de descendre en dessous de 50 % du capital. Il a même garanti que l’État en conserverait 80 %. Un argumentaire poussif : « À France Télécom comme à Gaz de France, toutes les garanties ont volé en éclats », a réagi la CGT de La Poste. Hervé Novelli, secrétaire d’État au commerce, a d’ailleurs justifié cette méfiance en affirmant sans détour que l’objectif est de « faire de La Poste une entreprise comme les autres, comme on l’a fait dans les années quatre-vingt-dix pour Renault, France Télécom, EDF ».
Côté syndical, la riposte se prépare face à une privatisation aux effets prévisibles : suppressions massives d’emplois, baisse de la qualité du service et du nombre d’implantations de La Poste, augmentation des tarifs. « S’il y a ouverture du capital, on passe dans une logique de rentabilité et c’est la fin du service public », résume SUD-PTT. Cinq syndicats de La Poste (CGT, SUD, CFDT, FO et CFTC) se rencontrent le 2 septembre pour décider d’une journée nationale d’action. Cet été, la CGT a déjà recueilli 40 000 signatures sur une pétition contre la privatisation, qu’elle doit remettre aujourd’hui aux directions régionales de La Poste. L’appel « Touche pas à La Poste » lancé par SUD-PTT a été signé par 10 000 personnes, tandis que FO communication a appelé à la création d’un comité national pour l’organisation d’un référendum sur la Poste, « noyau dur du service public ».
Fanny Doumayrou
l' Huma du 21 / 08 / 08
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