La patronne des patrons fait sa rentrée avec une interview parue hier dans le Journal du dimanche, à la veille de l’université d’été du MEDEF. Du 27 au 29 août, les capitaines de l’économie et leurs moussaillons seront réunis à l’École polytechnique, à Palaiseau (Essonne). Cette année, le mot d’ordre de la grande messe patronale est « Think Big » (voir en grand).

Une gageure quand la France vient de connaître son premier trimestre de croissance négative depuis près de six ans. Parisot, en grande pro du slalom rhétorique, se charge donc de tacler les fâcheux qui parlent récession. « Il ne faut verser ni dans le déni des difficultés ni dans le catastrophisme : la France navigue par vent contraire. C’est une croissance ralentie mais je ne parlerai pas de récession », affirme t- elle dans cette interview intitulée « Gare à l’étatisme ».

Autre exemple de « ni ni » : « (J’attends du gouvernement) qu’il ne nuise pas aux entreprises dont dépend la création des richesses productives. Je ne crois ni à des mesures de relance ni à un plan de rigueur, mais à une politique de croissance. » Autrement dit : « Il doit redonner de l’air à l’économie française, en baissant les impôts et les charges. » Bref, que du classique.

Plus loin, la chef du MEDEF distribue bons et mauvais points. « La souplesse retrouvée sur les heures supplémentaires est formidable, comme la réforme des ports, et plus encore celle des universités. »

À l’inverse, elle pointe du doigt « l’augmentation des prélèvements obligatoires » ou encore « l’augmentation des cotisations retraites (annoncée par Fillon fin juillet) ». Elle remet par ailleurs le couvert pour espérer « la fin de la taxe professionnelle », ce qui priverait les collectivités territoriales de précieuses recettes pour faire face aux dépenses que leur impose la décentralisation.

Enfin, elle se dit « très réservée » sur l’éventuelle prise en charge par les entreprises de la prime de transport (pour les trajets domicile-travail) alors que les partenaires sociaux doivent faire part, avant le 15 septembre, de leurs propositions.

Des propos auxquels a réagi hier Jacques Voisin, président de la CFTC. « On voit bien où elle veut en venir, a-til déclaré à l’AFP. Elle renvoie le dossier gentiment à l’État et ne veut pas prendre sa responsabilité en la matière. »