« Après des appels téléphoniques pour obtenir des couvertures pour les grévistes de la faim au 54ème jour de leur grève, nous avons été étonnés des réponses obtenues par différents directeurs des centres Emmaüs. Un premier refus a été obtenu à Wambrechies par la directrice des centres d'Emmaüs, sans commentaire, nous signifiant qu'il n'y avait pas de couverture.
Mais nous avons été surpris d'apprendre ensuite que c'était une position politique des centres d'Emmaüs du Nord-Pas de Calais. La surprise a été encore plus cruelle quand des commentaires d'une personne se disant directrice du centre de Saint André ont été entendus. Cette personne est entrée dans des considérations politiques en refusant les couvertures pour les quelques grévistes de la faim parce qu'elle était contre les régularisations massives et qu'elle avait l'habitude de défendre les personnes démunies (elle a tout notre respect pour ses actions qui l'honorent) et que souvent elle devait cacher des femmes contre des agressions et qu'elle-même avait été menacée de mort.
La peur de la prostitution, de la pédophilie, des agressions ne doivent pas occulter que ce sont des cas minoritaires et parler de cette façon pourrait faire penser que la majorité des sans-papiers seraient prostitués, pédophiles ou agressifs. Cette position est horriblement fausse et dangereuse par rapport à la réalité.
La position de cette dame a été de refuser les couvertures parce qu'elle considérait que les grévistes de la faim étaient manipulés et qu'elle, elle ne voyait que le côté humain. Quel manque de respect pour des hommes qui ont une volonté de s'opposer, de dire qu'ils n'en ont pas et de les irresponsabiliser ? Après 54 jours de grève de la faim, vous ne voyez pas, madame, le côté humain de ces hommes venus d'un pays où vous dites qu'il doivent y rester en les aidant bien sûr comme vous le faites par des actions généreuses et méritantes. Mais ces hommes-là n'ont pas le choix d'attendre de mourir dans leur pays : parce que c'est trop long d'attendre que des politiques se réveillent pour les aider ou parce que c'est trop long d'attendre que les associations aient encore davantage de moyens pour faire plus. Ces hommes, qui ont rêvé d'une France idyllique comme on a pu leur donner comme modèle à différentes périodes du siècle, ont perdu leurs rêves momentanément et sont exclus du partage des "moyens pour vivre". Que faire d'autre pour eux si ce n'est de partager leur peine, partager une peu de solidarité, de partager une petite couverture comme l'avait si bien fait l'Abbé Pierre - toutes nos pensées vont vers lui en ce moment de deuil pour l'humanité : "mourir" pour avoir des papiers. La position politique des centres d'Emmaüs Nord-Pas de Calais est particulièrement révoltante. Donner une petite couverture à un homme désespéré, c'est donner un peu de chaleur et d'espérance à l'humanité. Qui peut refuser cela ? ».

Témoignage d'un sans papiers libéré du CRA de Toulouse par la Justice sur les traitements dégradants subis par les sans papiers grévistes transféré par M. CANEPA :
« Après l'expulsion de la Bourse du Travail, C. a été conduit à l'aéroport de Lesquin. A la question « Où va-t-on ? » , le policier de la PAF lui a répondu : « On va faire un petit tour en vacances ». Menottés dans le dos, les sans-papiers ont été poussés pour rentrer dans l'avion, et C. a reçu un coup de poing dans le ventre lors de la montée. Arrivés au CRA de Toulouse, un policier leur a annoncé qu'ils allaient manger, ce que les grévistes ont refusé au titre de la grève de la faim. Réponse du policier « C'est la loi, vous devez aller manger. Ici on n'est pas à Lesquin, on est à Toulouse ». Le transfert vers le réfectoire était particulièrement difficile pour certains grévistes affaiblis mais obligés de se déplacer. Les 9 sans papiers se sont donc assis dans le réfectoire sans manger au milieu d'autres personnes détenues en rétention qui s'alimentaient. Les policiers ont prétendu à la CIMADE que les sans papiers s'étaient alimentés. Les sans papiers ont alors discuté entre eux et décidé de ne pas se déplacer la prochaine fois au réfectoire. A midi, « l'ordre » d'aller manger leur a de nouveau été donné. Les grévistes ont refusé. Les policiers ont mis leurs gants et les ont menacés de les emmener de force. Un supérieur a insisté qu'il était obligatoire d'aller manger. C. a dû porter des camarades affaiblis lors des transferts entre cellules et réfectoire.
Les grévistes n'ont pas reçu d'eau ni de sucre pendant 3 jours. Ils en ont demandé à l'infirmière qui a refusé. Ils ont alors demandé à la CIMADE. Par la suite de l'eau et une faible quantité de sucre leur ont été apportées. Dimanche : Lors d'une fouille habituelle au retour de la cantine, les policiers ont demandé à C. d'enlever sa casquette « Pourquoi ? » Réponse du policier : « Parce que ! Bouffon, enlève ta casquette. Ici c'est chez moi, t'es pas chez toi. Tu vas faire ce qu'on va te dire ». Le policier lui a enlevé la casquette de force, lui a fait une clef de bras et l'a poussé dans le dos. 2 personnes de Toulouse sont venus leur rendre visite suite à la mobilisation du CSP 59. Les grévistes leur ont signalé que lorsque quelqu'un est malade, l'infirmière refusait de s'en occuper et prétendait qu'il faisait semblant. Les visiteurs leur ont conseillé d'appeler une ambulance. A un moment D. est tombé de fatigue. Lorsque que l'ambulance est finalement arrivée au CRA, les policiers ont prétendu que les grévistes n'avaient pas le droit et que seuls les policiers pouvaient appeler. A un moment, lors de la discussion, un policier s'est énervé et a attrapé C par le col. Les policiers ont demandé aux ambulanciers de partir. Pendant 2 heures, personne ne s'est donc occupé de D. Les grévistes ont dû l'amener au cabinet de l'infirmière où un examen très sommaire a été administré (« tirez la langue, ouvrez les yeux. ») L'infirmière l'a alors renvoyé dans sa cellule sans plus de soin ».
Pour faire peur aux sans papiers grévistes de la faim, la brigade canine a été utilisée hier à l'hôpital Saint Vincent. Des grévistes de la faim sont toujours ballottés des hôpitaux CHR, Roubaix, Tourcoing et Valenciennes à la rue.
M. CANEPA déshumanise insidieusement une partie de la société par ces violences et tortures, l'autre partie de la société doit donner de la voix pour dire NON.

Fait à Lille 08/08/07

TOUS LES JOURS A 18H PLACE DE LA REPUBLIQUE A LILLE : MANIFESTATION jusqu'à la régularisation des grévistes de la faim !

Comité des Sans Papiers 59 (CSP59), 42 rue Bernos- Lille- 59800- tél:06.80.57.50.61- fax: 03.20.74.16.68 - e-mail : csp59@wanadoo.fr