
Si les abeilles devaient disparaître, l’homme n’aurait plus que quelques années à vivre.
Albert Einstein
Voir : Lettre n°8 - novembre 2007 - Communisme et Ecologie
Alors que la France et l’Union européenne se sont engagées pour stopper l’érosion biodiversité d’ici 2010, et que la France s’est dotée d’une stratégie nationale pour la biodiversité en 2005, nombre d’observateurs ont regretté que les travaux du Grenelle de l’environnement soient en la matière parmi ceux qui méritent d’être retravaillés et approfondis. Les mesures envisagées, les moyens qui leur seront accordés suffiront-ils à inverser les tendances actuelles ? Le doute est permis.
Pourtant, il y a urgence. Pour nombre de scientifiques, si la crise de la biodiversité est moins connue et médiatisée que le réchauffement climatique (auquel par ailleurs elle est étroitement liée), elle est tout autant porteuse de menaces pour l’humanité.
Source d’aliments, de substances naturelles d’intérêts divers, notamment pharmacologique, de matières premières et de satisfactions esthétiques, sa préservation constitue l’un des éléments majeurs d’une politique de développement durable.
Depuis quelque décennies, l’humanité provoque de nombreuses modifications de son environnement et la disparition de nombreuses espèces n’en est pas le moindre.
Ainsi, si la disparition de centaines d’espèces, poissons, reptiles, oiseaux, mammifères, plantes supérieures est avérée, de nombreuses espèces plus discrètes, qui n’ont jamais été répertoriées, disparaissent dans la modification ou la disparition des écosystèmes. À l’échelle de la planète, nous vivons actuellement la sixième grande exctinction des espèces et cette fois l’homme y est pour beaucoup. De nombreux scientifiques considèrent qu’il faudrait sur cette question constituer, à l’échelon mondial, un organisme du même type que le GIEC.
Cette régression de la biodiversité affecte même des variétés cultivées et domestiques que des générations d’agriculteurs avaient patiemment sélectionnées en fonction de leurs besoins et des exigences locales.
Si la construction d’une trame verte afin de permettre une gestion du territoire qui préserve la “biodiversité ordinaire”, le regroupement des différents établissements publics concernés dans une seule structure, éventuellement une agence, il reste de nombreuses zones d’ombre sur les relations entre cette structure et les collectivitésterritoriales d’une part, avec les personnels chargés de la protection de la nature d’autre part. Il en va de même de la question des moyens financiers et en personnel, notamment pour la recherche dont cet organisme sera doté. Espérons que la prochain débat parlementaire faisant suite au Grenelle saura prendre cette question en compte.
Inséparables de la protection de la biodiversité, celles de la qualité de l’eau, de la protection des zones humides et de la pollution des sols et qui mettent en cause certaines pratiques liées à l’agriculture intensive comme l’utilisation des pesticides ou des fongicides. Les réserves sur ces points de la part de certains organismes laissent à prévoir des difficultés.
La possibilité de la culture d’OGM en plein champ, même encadrée et contrôlée, constitue elle aussi une menace pour certaines espèces.
N’oublions pas qu’en matière de biodiversité, les responsabilités de la France sont immenses. Présente dans les quatre océans, elle est responsable du deuxième domaine maritime du monde. Outre le territoire national, elle est concernée par plusieurs zones où la protection de la biodiversité est particulièrement importante, Méditerranée, Caraïbes, Océan indien, Nouvelle Calédonie, Polynésie et par l’une des zones forestières majeures de la planète en Guyane.
Le travail pour s’opposer à l’érosion de la biodiversité ne saurait se limiter à l’intérieur de l’hexagone. Il faudra plus qu’un discours du président de la République pour faire oublier que la France a souvent été un très mauvais élève, souvent condamnée pour ses manquements à la protection de son environnement. Espérons que la présidence française de l’Union européenne changera la donne et permettra de réels progrès.
Comme le soulignent les travaux du Grenelle, la France se doit d’intervenir sur la protection de la biodiversité à l’échelle planétaire. Comme l’eau, l’énergie, la biodiversité est un bien commun de l’humanité au service et sous la protection de tous. Cela nécessite de la placer sous l’autorité de structures mondiales et de travailler au progrès et à des avancées sur une agence mondiale de l’environnement et du développement durable et sur un groupement de scientifiques du même type que le GIEC.
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