Mis en ligne : 22 février
« Je n’accepterai jamais que l’on dise : les usines, c’est fini, l’industrie, c’est fini, le plein emploi, c’est fini, les Ardennes, c’est fini ». Juste courroux. Et beaucoup ont cru à ce volontarisme, dans les familles ouvrières précarisées, frappées par le chômage, dans des régions transformées en friches industrielles, désespérées par les déclarations d’impuissance de dirigeants politiques de droite et de gauche.
Beaucoup ont pris confiance dans les engagements d’un homme qui se proclamait « le candidat du peuple », qui serait, si l’électeur y aide, « le président du pouvoir d’achat ». De cet homme qui n’hésitait pas à affirmer qu’il parlait « au nom de cette France qui souffre mais qui veut vivre debout sur sa terre et ne demande rien d’autre que la justice » car ainsi parlait Sarkozy à Charleville en décembre 2006.
Il y tempêtait contre les restructurations, les délocalisations, la désindustrialisation, contre ces patrons voyous et autres pilleurs d’usine dont la puissance prédatrice s’est illustrée notamment dans les Ardennes chez Thomé-Génot.
Après quelques mois d’état de choc, l’opinion publique découvre l’envers des mots. Qu’ils aient succombé ou non au charme du verbe, rares étaient les Français qui imaginaient une hausse du pouvoir d’achat sans augmentation de salaire, ou que la lutte contre le chômage signifiait une législation sociale facilitant les licenciements.
L’imposture se révèle.
Près de 60% des Français estiment mauvaise la politique économique du gouvernement. Le sentiment d’avoir été trompé est le principal ressort de la chute du président dans les basses eaux de l’impopularité. Le chef de l’Etat tente de remonter la pente et multiplie depuis quelques jours les coups médiatiques avec, sans doute, moins de bonheur que par le passé. Avec le grand spectacle policier son et lumières de Villiers le Bel, après sa proposition de parrainage d’enfants victimes de la Shoah qui lui a valu une réplique cinglante de Simone Weil, Sarkozy a repris le temps d’une visite sur l’ex site de Metaleurop ses accents de candidat qui pourfend « le capitalisme sans foi ni loi ».
Dans cette région du Nord-Pas-de-Calais, tout comme dans les Ardennes voisines, les salariés en connaissent un rayon sur les pratiques de voyous permises par le sacro-saint principe de l’actionnaire-roi. Des patrons qui profitent de subventions publiques puis se font la malle. Ou comme Michelin qui liquide des emplois à Toul après avoir engrangé une hausse de 35% de ses profits. Et que dire de Mittal qui verse à ses actionnaires un tiers des 7 milliards de dollars de bénéfices et ferme Gandrange.
Le même Sarkozy qui donne des coups de menton sur le grand capital propose que la collectivité nationale investisse à la place du géant de l’acier. Il évoque le Fonds national pour la réindustrialisation abondé par l’Etat…
Toute la question est de savoir quelle contribution serait demandée aux actionnaires et si les restructurations doivent demeurer le fait du prince. « Au nom de quoi l’Etat français interviendrait-il pour empêcher que le numéro 1 de l’acier gère correctement ses actifs ? » estime Francis Mer, ancien patron d’Usinor-Sacilor, ancien ministre : lui résume bien l’opinion véritable du pouvoir. Quant à une loi responsabilisant les groupes sur les agissements de leurs filiales, elle risque, si jamais elle voit le jour, d’être une coquille vide au moment où le pouvoir sarkozyste dépénalise le droit des affaires.
site P.C.F
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