Budget . François Fillon veut procéder à de nouvelles « économies » sur le dos des services publics. Un séminaire gouvernemental étudie la possible suppression de 35 000 postes en 2009.
« Trou d’air », « gestion sérieuse », « mesures d’économies » : François Fillon use les dictionnaires pour éviter d’appeler sa politique de rigueur par son nom, dont l’annonce prévue de longue date a été différée pour cause d’élections municipales et cantonales. Sur TF1, dimanche soir, le premier ministre s’est évertué à minimiser le tour de vis supplémentaire que son gouvernement s’apprête à lancer à la suite de la révision à la baisse des hypothèses qui ont servi de bases à l’élaboration du budget 2008. Hier, un séminaire gouvernemental se réunissait avec, à son ordre du jour, des « mesures d’économies liées à la réforme de l’État » à mettre en oeuvre en 2009 et dans l’immédiat, « les mesures à prendre pour permettre en 2008 une tenue ferme des dépenses ».
Une dégradation pire que prévue
Ces annonces ne sont pas une surprise. Avant les élections, la gauche avait mis en garde les Français contre un « plan d’austérité » que le gouvernement gardait secret, pour tenir bon le cap de ses « réformes » dans le cadre d’une économie dégradée. Le « scénario noir », pire encore que celui prévu dans les cauchemars du rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, est devenu réalité. Alors que Gilles Carrez (UMP) envisageait, en octobre dernier, l’hypothèse pessimiste d’une « croissance atone » en 2008 fixée à 2 % du PIB, les prévisions corrigées du gouvernement rejoignent désormais celles des économistes avec une fourchette située en deçà, entre 1,7 et 2 %. La crise financière internationale en provenance des États-Unis, dont l’impact a été longtemps nié par le gouvernement, a commencé à produire son effet dévastateur sur l’économie réelle, sans que le pouvoir ne l’ait le moins du monde anticipé.
Pire, dans la tempête, le gouvernement maintient le cap inchangé, en accélérant encore la cadence. « C’est vrai qu’il y a un trou d’air lié à la crise économique internationale. Mais la France ne doit pas être inhibée et doit continuer à faire des réformes. » Pour couper l’herbe sous le pied de la gauche, François Fillon a nié tout « plan de rigueur », en promettant de ne pas créer « d’impôts supplémentaires ». Mais le gouvernement a d’autres leviers à sa disposition pour poursuivre son objectif de « retour à l’équilibre » des finances publiques sans remettre en cause le paquet fiscal de quinze milliards d’euros en année pleine au bénéfice des plus riches voté l’été dernier. « Pas question d’augmenter la dépense publique, a prévenu François Fillon. Il faut trouver des économies ailleurs pour réaliser des réformes sociales. »
L’éducation, première victime
Premiers touchés par le tour de vis : les services publics, avec un plan drastique de réduction du nombre de fonctionnaires, avec 35 000 suppressions de postes en 2009, selon le ministre du Budget, Éric Woerth, qui a confirmé cette hypothèse de travail, dimanche, après les 23 000 prévues cette année. « On va avoir des coupes claires dans les dépenses », déplore le cabinet de François Hollande au PS, et « la première victime va en être l’éducation nationale », avec 16 000 postes supprimés à craindre en 2009 en plus des 11 000 rayés en 2008. « L’école est la première touchée : avec près de 100 000 enseignants en moins depuis 2002, 12 000 cette année et d’autres programmés d’ici 2012, le plan d’austérité éducative du ministre Darcos est un vrai danger public », dénonce également le PCF.
Quant à la promesse de « réformes sociales » comme le revenu de solidarité active (RSA) défendu par Martin Hirsch, la détermination affichée par le premier ministre est tempérée par des déclarations contraires de son entourage, et en premier lieu celles d’Éric Woerth qui subordonne sa réalisation aux nouvelles contraintes budgétaires (lire ci-dessous).
Sébastien Crépel
l Huma du 1er / 04 / 08
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