dimanche 4 mai 2008

Éducation nationale : y a-t-il trop de professeurs ?

Rappel des faits

Pas de traitement de faveur pour l’école : c’est en substance le message distillé par le gouvernement. La France doit réduire son déficit public.

Le budget 2008 prévoit la suppression de 11 200 emplois dans l’éducation nationale, dont 9 000, environ, correspondent à des postes d’enseignants du second degré. Selon Xavier Darcos, cette amputation sera sans conséquence sur le terrain. Le ministre de l’Éducation dresse son pronostic à partir d’un calcul mécanique : les postes supprimés correspondent en partie à des enseignants surnuméraires (qui n’ont pas de classes en charge mais sont affectés, par exemple, à la formation continue) ou encore à une baisse démographique dans le second degré. Enfin, l’équivalent de 3 500 de ces postes sera compensé par des heures supplémentaires. De fait, et sous réserve que les profs acceptent de travailler plus, le ministre ne ment pas totalement lorsqu’il assure que la catastrophe n’est pas pour 2008.

L’avenir est en revanche plus incertain, quand la réforme générale des politiques publiques (RGPP) prévoit, d’ici à 2012, la suppression de 160 000 fonctionnaires, dont près de 80 000 dans l’éducation nationale. Le ministère puise cette fois dans les données européennes pour légitimer la ponction. Avec un enseignant pour près de 10 élèves au collège, la France figure parmi les pays de l’Union dont le taux d’encadrement est le plus élevé.

L’argument ne vaut pas, rétorquent ses opposants, quand la disparité des systèmes éducatifs est de mise au sein de l’Union. Ces suppressions d’emplois induisent une transformation profonde du système, dénoncent-ils, manifestant depuis plusieurs semaines. L’offre d’enseignement va péricliter au détriment des élèves en difficultés et de la lutte contre les inégalités. Et les réformes en cours n’ont d’autres fins que d’absorber une part de ces suppressions de postes. La généralisation des bacs professionnels en trois ans au lieu de quatre, par exemple, permettrait, à terme, d’économiser près de 10 000 postes. Ou encore l’allégement des emplois du temps des lycéens, qui délesterait, du même coup, le budget de 7 000 postes. Sollicité, le ministère n’a pas souhaité apporter sa contribution à ces pages.

Marie-Noëlle Bertrand

l' Huma du 03 / 05 / 08

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