samedi 12 juillet 2008

Le G8 n’est pas légitime


Mis en ligne : 12 juillet

Il faut le dire clairement, le G8 n’est pas légitime. D’abord G5 en 1974, il est devenu G7, puis G8 avec la Russie, puis G13 avec les émergents et même G16… Plus le nombre de pays participants augmente, plus ces mêmes participants montrent ainsi que les problèmes d’aujourd’hui sont des enjeux universels, et moins ils parviennent à trouver des réponses -quelles qu’elles soient- à ces mêmes problèmes.

Cette situation témoigne, dans le cadre actuel de la mondialisation capitaliste, des limites atteintes par les modes de gestion néo-libéraux et par les politiques de puissance. L’année dernière, en juin 2007, à Heiligendamm, le G8 avait buté sur la tension Etats-Unis/ Russie à propos du système anti-missile que G. Bush veut installer en Pologne et en République tchèque. Le G8 avait dû constater ses propres promesses non tenues en matière d’aide au développement. Il était alors resté dans le flou sur l’action à engager concernant le réchauffement climatique. Il s’était bien gardé de mettre le conflit israélo-palestinien en tête de l’agenda alors que déjà, en 2007, l’impasse dramatique d’aujourd’hui était visible. Et sans solution juste à ce conflit, tous les risques de confrontation régionale majeure s’aggravent à la porte de l’Europe.

Cette année, le G8 aura montré la même carence, les mêmes limites, sur les mêmes sujets avec les mêmes flous et les mêmes promesses.

Avec une différence cependant, Nicolas Sarkozy n’a pas osé, cette fois-ci, faire part de son « admiration » pour les réformes engagées aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne et en Allemagne sur le front du marché du travail. Les résistances sociales en France et le tollé suscité par certaines « réformes » de régression sociale sont passés par là.

Pourtant, en cette année 2008, de grands problèmes mondiaux ont explosé : les émeutes de la faim, la crise agricole, le baril de pétrole à 150 dollars et la crise énergétique, la crise financière, l’inflation qui décuple la pauvreté au Sud, l’urgence écologique du réchauffement climatique, les tensions exacerbées au Moyen-Orient, jusqu’en Afghanistan, la crise structurelle de la construction européenne… Moscou menace de représailles « technico-militaires » au système anti-missile américain. La confrontation américano-israélienne avec l’Iran est un risque encore plus présent. L’impatience africaine (et des ONG du développement) se fait plus visible…

Tout montre l’urgence de solutions réelles aux enjeux mondiaux qui interpellent non pas un G-quelque chose mais l’ensemble des pays du monde car tous les peuples sont concernés. Et des résistances montent. C’est dans un cadre légitime et universel, comme celui des Nations Unies, que ces questions devraient être traitées : une ONU réformée et démocratisée pour une approche multilatérale et des solutions collectives. Le G8 d’ Hokkaïdo confirme l’exigence d’une transformation profonde des relations internationales, des institutions internationales, d’une mise en cause des choix néo-libéraux, des politiques de domination, des stratégies hégémoniques, en particulier celle des Etats-Unis.

Dans le monde d’aujourd’hui, le G8 n’a plus de raison d’être. Il vient lui-même d’en fournir la preuve.

Jacques Fath
- Responsable des relations internationales du PCF

site du P.C.F

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