Après les syndicats, c’est au tour des politiques de réagir - Jack Lang exigeant qu’il fasse des excuses aux profs, l’UMP dénonçant le « procès en sorcellerie » orchestré à son encontre.

Le 3 juillet dernier, auditionné par la commission des Finances du Sénat, Xavier Darcos posait la question du recrutement des enseignants de maternelle. La séance n’étant pas publique, il ne s’embarrassait pas de manières. « Est-ce vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits délégués par l’État, que nous fassions passer un concours à bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants et de changer leurs couches ? » En ces temps de surveillance vidéo-assistée, la réplique ne pouvait rester sans écho et le film s’est retrouvé sur Internet au moment bien tombé de la rentrée, soulevant les débats.

Mépris à l’égard du corps enseignant ? Maladresse langagière ? Ou tohu-bohu pour focaliser l’attention sur une formulation indélicate ? Xavier Darcos a eu beau se défendre, hier, de vouloir remettre en cause l’école maternelle, le reste de la vidéo laisse peu de doutes quant au sort réservé à la petite section. « Tout le monde sait très bien qu’en France, si nous scolarisons si tôt les tout petits enfants, ce n’est pas pour des raisons scolaires. C’est parce que ça arrange les communes ou pour ne pas fermer de classe », y explique Xavier Darcos.

Le président de séance insiste et le relance. « Pendant très longtemps, vos inspecteurs décidaient d’ouvertures et de fermetures de classe en fonction du nombre d’élèves inscrits (…). Franchement c’était une situation complètement absurde et dans nombre de communes rurales, les maires feraient bien de réfléchir à des regroupements d’écoles sur un seul site. » Et de conclure : « Monsieur le ministre, à l’automne, nous reviendrons sur cette question de l’école pré-élémentaire puisque j’ai demandé à la Cour des comptes une enquête sur l’école maternelle. » Fi des questions pédagogiques ! Le ministre de l’Éducation et la commission des Finances du Sénat ont donc déjà tranché dans le débat complexe de la scolarisation des tout-petits : c’est non. Leur réponse, en outre, n’est pas surprenante. Ces dernières années, les fermetures de classes dans le primaire ont majoritairement visé les « toutes petites sections ». Les 2-3 ans, qui étaient 35,3 % à être scolarisés en 2000, n’étaient plus que 23,4 % à l’être en 2006.