Dans ce petit village du Morbihan, la suppression d’un niveau a complètement désorganisé la vie scolaire.
Ménéac (Morbihan),
envoyée spéciale.
Dix-neuf le matin, 31 à midi et 29 le soir. Ce n’est pas une énigme mais le quotidien des élèves de l’école de Ménéac, petit bourg du Morbihan. Depuis septembre, elle expérimente la politique des seuils : l’an dernier, avec ses 80 élèves, elle bénéficiait de 4 classes. Cette année, elle n’accueille plus que soixante-huit enfants et s’est donc vue privée d’une section. Le ratio, sur le papier, tombe juste, avec une moyenne de 22,6 têtes par classe. La réalité est plus complexe.
« Chacune des trois classes comprend des élèves de plusieurs niveaux », commence Sylvie Le Lamer, directrice de l’école. L’une rassemble les trois sections de maternelle, soit 20 élèves. L’autre réunie les CP-CE1, qui sont 19. La troisième, enfin, regroupe les CE2, CM1 et CM2, soit 29 enfants au total. Ce qui fait beaucoup, explique Sylvie Le Lamer. Si bien qu’une heure par jour, les groupes se refondent. « De 11 heures à midi, les CE2 rejoignent les CP-CE1 : ensemble, ils sont donc 31. » Les autres, pendant ce temps-là, ne sont donc plus que 17. L’échange ne s’arrête pas là. « Pour que ma collègue ne passe pas tous son temps avec 29 élèves, nous échangeons nos groupes, deux après-midi par semaine. » Elle prend les CM pour deux séances de découverte du monde. L’autre prend les CP-CE1 pour une séance d’anglais.
Une manière comme une autre de gérer une situation à laquelle la directrice ne s’attendait pas. « Nous pensions que l’on nous laisserait notre quatrième classe au vu de notre situation. » Celle d’un village de 1 700 habitants qui n’est pas épargné par les difficultés sociales. « Beaucoup de érémistes sont venus s’installer. La vie est moins chère qu’en ville. » Il y a aussi les Anglais, nombreux dans la région. « Les petits ne parlent pas encore français. » Et puis cette fameuse guerre scolaire, toujours vive en Bretagne. Pour l’heure, Sylvie ne parle de mise en concurrence. Mais elle note tout de même que l’école privée du village bénéficie de trois classes pour 46 élèves.
M.-N. B.
l' Huma du 18 / 10 / 08
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