Dix-sept députés UMP, dont Lionel Luca et Christian Vanneste, ont déposé une proposition de loi visant à établir « une journée nationale d’hommage aux victimes des régimes communistes » en Europe entre 1945 et 1989, laquelle serait fixée au 9 novembre, date anniversaire de la chute du mur de Berlin.

Pour justifier leur démarche, les auteurs se prévalent d’intentions respectables : il s’agirait, disent-ils, de reconnaître la « souffrance chez les peuples qui ont subi ces dictatures », ce que personne ne conteste plus, et de tourner définitivement la page du « clivage de la guerre froide » pour ne pas « aggraver ainsi l’incompréhension entre les peuples d’Europe ». Sauf que la proposition obéit avant tout à des motifs idéologiques ultraréactionnaires : le texte fait ainsi référence explicitement à la résolution du 25 janvier 2006 de parlementaires du Conseil de l’Europe (1).
Celle-ci mettait non seulement un signe d’égalité entre communisme et nazisme, banalisant dangereusement ce dernier, mais elle condamnait d’un même élan tout projet de transformation sociale. Selon cette résolution, la « théorie de la lutte des classes » et « l’égalité ou la justice sociale » seraient les ferments d’une entreprise « totalitaire ».

La boucle est bouclée : rappelons que Christian Vanneste (le député du Nord connu pour ses positions homophobes) et Lionel Luca étaient également les ardents défenseurs du « rôle positif » de la colonisation dans un article abrogé de la loi du 23 février 2005, tout autant que les adversaires de l’enseignement de la période de l’esclavage dans les manuels scolaires…

(1) voir l’Humanité du 25 janvier 2006.

Sébastien Crépel

http://www.humanite.fr/2009-02-03_Politique_L-anticommunisme-a-visage-humain