dimanche 19 juillet 2009

La direction d'ABB refuse d'informer les salariés .

Ingénierie . La bataille entre la direction d’ABB et ses salariés prend des allures de guerre des nerfs : tous deux ont recours à la justice.

Un véritable bras de fer est engagé entre la direction et les salariés de d’ABB France, filiale du groupe d’ingénierie helvético-suédois, qui a annoncé en mai 540 licenciements. Cela représente 20 % de l’effectif français et 40 % des deux divisions concernées, à savoir la robotique et les produits d’automation. Sept sites sont touchés, parmi lesquels deux vont être fermés : Mâcon et Aunay-sur-Odon.

La direction avait convoqué hier un comité central d’entreprise (CCE) extraordinaire sur le volet social de l’affaire. Aucun compromis n’a été possible. Le délégué syndical central CGT, Antoine Lahiguera, a révélé à l’issue de la réunion la décision unanime des salariés de saisir la justice. Les juges devront statuer sur trois requêtes. En premier lieu, les salariés reprochent à la direction d’empêcher l’élaboration d’un projet alternatif par l’expert du CCE en refusant la communication des informations nécessaires. Les syndicats soutiennent que 30 % seulement des pièces demandées leur ont été transmis. Antoine Lahiguera s’énerve : « Ils ne communiquent que les documents qu’ils jugent utiles, que l’expert juge bien en deçà de ses besoins. » Pour se départir de ses obligations légales, « la direction brandit l’excuse de la confidentialité des informations », déplore-t-il.

Les salariés contestent d’autre part la nature des réunions qui, au vu des manquements de transparence, ne remplissent pas les critères de CCE. La direction quant à elle est pressée d’enclencher le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) menant aux licenciements. Enfin, les représentants des salariés demandent un report de la procédure jusqu’au mois de septembre. Les dirigeants, eux, exigent de l’expert qu’il rende son rapport économique et son projet alternatif fin août. Selon Antoine Lahiguera, ce délai n’est pas tenable, étant donné qu’il s’agit de la période de congé et qu’il ne dispose pas encore des documents nécessaires.

De son côté, la direction d’ABB a déposé une « plainte contre X pour dégradations ».

Dans un communiqué, les syndicats indiquent que, lors de la dernière réunion du CCE sur le volet économique du plan de restructuration, le 23 juin dernier, « des salariés ont manifesté leur désarroi dans les locaux, ce qui a provoqué quelques dégradations ». L’Intersyndicale précise qu’elle avait désapprouvé les débordements, mais qu’elle comprenait aussi la colère des salariés face à l’annonce de ces suppressions d’emploi massives et non motivées. Les syndicats qualifient cette action de « disproportionnée par rapport aux dégradations réellement commises ». Il s’agit selon eux d’un « acharnement contre les salariés », qui sont victimes d’une restructuration que « rien ne justifie ». En effet, les sites d’Aunay-sur-Odon, menacé de fermeture, et de Montluel sont rentables. Leurs chiffres d’affaires étaient en hausse en 2008, respectivement de 5 % et de 12 %. L’intersyndicale CGT, CFDT, CFE-CGC, FO dénonce « l’appât du gain » des dirigeants, qui ne font preuve « d’aucune stratégie industrielle ».

Marion Lippmann

l'Huma du 17 / 07 / 09

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