dimanche 27 janvier 2008

Témoignages et accusation !

Depuis qu’il est en grève des soins pour protester contre l’instauration des franchises, Bruno-Pascal Chevalier (1), malade du sida, a reçu plus d’un millier de messages sur son site Internet. Extraits.

Audrey Scalet :

« Le gouvernement veut réduire les dépenses de santé alors qu’il augmente les prix des consultations et dérembourse à tout-va. Cherchez l’erreur. La médecine va devenir une médecine de riches et les pauvres n’auront plus que le cimetière comme refuge. Il faudra combien de morts pour que le gouvernement change sa politique ? La Sécurité sociale a été créée pour que tous les malades soient égaux face à la maladie. Liberté, égalité, fraternité qu’ils disaient…

Audrey Caillas :

« Merci et bravo d’avoir le courage de faire ce que l’on voudrait tous faire. Il est déjà assez dur d’avoir le sentiment d’être inutile et cette loi fait tout en plus pour que le malade soit coupable. Coupable de quoi ? De se battre au quotidien contre la maladie et la douleur et pas pour des holdings. Nous ne sommes pas rentables mais est-ce que notre non-rentabilité leur donne le droit de nous supprimer plus rapidement ? Vous ne travaillez pas, alors crevez ! Mais payez ! »

Françoise Labre :

« Étant moi-même en longue maladie et également en invalidité, je suis absolument contre les franchises. Il ne faut pas oublier que la franchise de 50 euros pour les médicaments vient s’ajouter à la franchise de 50 euros sur les consultations, à celle de 50 euros pour les auxiliaires médicaux, soit un coût annuel d’au minimum 150 euros par an. Et je ne parle pas des médicaments déremboursés qui, s’ils sont prescrits, sont nécessaires. Dans sa réponse, M. Sarkozy parle d’un début de réforme : quelle est la prochaine étape ? Quant aux mutuelles, soit elles ne remboursent pas, soit il faut prendre des garanties hors de prix. Alors oui, je fais aussi partie des personnes qui réduisent leurs soins faute de moyens. Il y a une autre chose qui me choque dans la réponse du président : bien sûr, il n’a pris personne en traître, mais il oublie qu’il n’a pas été élu avec 100 % des suffrages. Je pense qu’il faudrait chercher les économies au niveau des laboratoires pharmaceutiques qui réalisent de gros bénéfices. »

Stéphanie Hamard :

« Certains s’indignent de votre décision alors que l’on devrait s’indigner des dispositions du gouvernement et de voir que ce sont les malades qui doivent mettre leur vie en danger. C’est notre responsabilité à tous. Je me moque de savoir combien vous gagnez, le concept de franchise en soi est une honte. On ne peut pas rendre coupables les malades de leur maladie. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Europe en lambeaux, nous avons été capables de mettre en place un système solidaire. Chacun paye selon ses revenus et utilise la Sécurité sociale selon ses nécessités. »

Murielle Gilard :

« Si je me manifeste aujourd’hui, c’est parce que j’admire votre courage et que je veux lutter à vos côtés. Je suis maman d’un jeune handicapé moteur pour qui je me bats depuis vingt ans pour lui donner une vie décente. J’ai créé l’association Agir ensemble pour la santé et l’aide sociale, à Nantes. Je continue de me battre contre cette franchise qui n’aurait jamais dû voir le jour. Il est difficile de remuer la population des quartiers à habitat social mais l’union fait la force. Si on agit un peu dans toutes les villes, nous pourrons peut-être avoir gain de cause. Je trouve quand même dommage que ce soit aux gens à la santé fragile de se battre pour pouvoir se soigner. »

Bernard Desaire, Mutuelle familiale :

« Je suis scandalisé, comme vous, par les franchises médicales qui sont, comme tous les transferts des dépenses de santé de la Sécurité sociale vers les mutuelles, les patients et les malades, destinés à promouvoir en France un système de santé et de protection sociale à plusieurs vitesses. Je sais aussi le prix de votre engagement et les risques que vous encourez. Sarkozy ment quand il dit que dans le cadre des contrats responsables, les organismes complémentaires peuvent rembourser les franchises. C’est faux, triplement faux puisque si nous, mutuelles, nous remboursons les franchises, nous serons fiscalisées. »

Ali :

« En tant qu’homosexuel et n’ayant pas d’enfant, devrais-je ne plus payer d’impôts pour construire des crèches et des écoles ? Étant séropositif et atteint d’une cirrhose médicamenteuse, la Sécurité sociale m’a prélevé 42 euros au titre des franchises médicales. M. Sarkozy affirmait que le montant par mois ne devait pas dépasser 4 euros ! »

Guillaume Desix :

« J’admire votre courage à dénoncer cette injustice au péril de votre vie. Puisse votre action ramener rapidement nos chers élus à la raison en restaurant un minimum de solidarité base de toute civilisation digne ce nom. »

Didier Montloin :

« Médecin, je viens vous apporter mon modeste soutien. La fin ne justifie pas tous les moyens. Si les objectifs de santé publique initialement promus sont louables, la méthode des franchises, choisie et imposée sans concertation rigoureuse avec les professionnels de santé et les patients, n’est pas la juste réponse à l’enjeu et va se retourner contre ses auteurs. »

Bruno Bigot :

« Atteint d’une sclérose en plaques et retraité de la fonction publique hospitalière pour invalidité, je m’insurge contre ce discours culpabilisant et soi-disant bien pensant sur le “trou de la Sécu” pour camoufler les manques de volonté politique et les non-versements dûs à la Sécurité sociale. Merci de réveiller les torpeurs dans lesquelles élus et citoyens se cachent. »

Une maman :

« J’ai une fille atteinte de la maladie de Crohn, qui s’est déclenchée après un vaccin contre l’hépatite fait à l’époque au collège. Jeune salariée, son début dans la vie n’est pas facile. Un euro ponctionné sur chaque visite, une franchise médicale, sans compter le montant de la complémentaire (et elle a la chance de pouvoir se l’offrir) mais jusqu’où ira ce gouvernement ? L’égalité n’existe pas devant la maladie, alors maintenons cette solidarité devant les soins que nous envient tant de pays. »

Patricia :

« Je suis outrée concernant cette franchise médicale, comme si nous faisions exprès d’être malade ! La santé a un prix que tout le monde ne pourra pas payer. En 2003, on m’a diagnostiqué une kératite de thygeson J’ai des traitements en permanence et des récidives tous les deux à trois mois. Et j’en ai pour dix, vingt ou trente ans. »

Michel Coudert :

« Je suis atteint d’une maladie orpheline, la neurofibromatose. Tous mes organes sont atteints. J’ai cinq ordonnances et plus de trente boîtes de médicaments par mois. En 2007, six transports en ambulance aux urgences. J’ai soixante-cinq ans et il m’est impossible de ne pas prendre la moitié de mes traitements. Je vais pratiquement quatre jours par semaine à l’hôpital, et je rentre épuisé. Ma retraite est de 1 200 euros après avoir cotisé 56 ans. Je verse 1 000 euros de mutuelle plus 300 euros de médicaments par an non remboursables. C ’est une excellente démarche pour écrémer la population d’une extrême fragilité. Mon espérance de vie est d’une année. Je ne bois pas, je ne fume pas et je ne vais jamais au café ni même au cinéma. Que monsieur le président de la République revoie sa copie, avec ses conseillers et son gouvernement. »

Michèle Caillet :

« Après avoir donné mon soutien, j’apporte celui de mon fils de trente-quatre ans, atteint d’un lupus (maladie orpheline, à long terme mortelle). Il prend des traitements à vie qui ne sont que des médicaments pour stabiliser l’évolution de cette maladie (antipaludéens de synthèse) car aucun traitement n’existe pour guérir cette pathologie. De plus, lorsqu’il s’expose au soleil, il doit appliquer sur son visage et son corps, des crèmes qui ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, étant considérées comme des médicaments de confort. Il doit également subir des examens de contrôles médicaux régulièrement. »

Sophie Lasne :

« Comme je travaille et donc cotise déjà à la sécu, le principe des franchises revient à me ponctionner une seconde fois mon salaire, comme une taxe levée sur la maladie. Les bien-portants, eux, se contentent de la cotisation collective. Rupture du principe d’égalité et discrimination, non ? »

(1) http://grevedesoins.fr/

Messages rassemblés par Ludovic Tomas

l' Huma du 26 / 01 / 08

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