La Caisse des dépôts et consignations (CDC) semble aujourd’hui au centre de la tourmente dans l’affaire de délits d’initié d’EADS, qu’en pensez-vous ?
Jean-Philippe Gasparotto. Il y a une inversion des rôles. La Caisse des dépôts, principale victime de ces délits d’initié, d’un point de vue financier, passe pour complice. Et pour corriger ces dysfonctionnements éventuels, elle devrait subir les foudres d’une restructuration de sa gouvernance. Or la CDC est une institution publique qui a un rôle éminemment important de protection de l’épargne populaire. En avril 2006 la CDC s’est engagée à investir pour 600 millions d’euros de prise de participation au capital d’EADS. Y a-t-elle été obligée ? A-t-elle été mal informée ? Toujours est-il qu’aujourd’hui cette participation vaut 200 millions d’euros de moins. La CDC est donc obligée de provisionner la perte correspondante et ceci ampute d’autant des missions d’intérêt général dont elle a la charge : logement social, aménagement du territoire, etc. Or ces derniers temps on a vu que le feu avait tendance à se détourner vers la CDC plutôt que vers Lagardère, etc. Ce n’est pas un hasard. Depuis longtemps existe la tentation de privatiser la dernière institution financière publique du pays.
Quelles sont les mesures à prendre pour que la CDC joue mieux son rôle ?
Jean-Philippe Gasparotto. La commission de surveillance de l’établissement public CDC, qui est l’autorité de contrôle, est actuellement composée de parlementaires, de représentants de la haute fonction publique de l’État (Conseil d’État, Cour des comptes), d’un représentant de la chambre de commerce et d’industrie de Paris, d’un représentant de la Caisse nationale des caisses d’épargne. Nous proposons d’augmenter le nombre des parlementaires puisque la CDC est placée statutairement sous l’autorité du Parlement. D’ouvrir cette commission aux forces vives : Conseil économique et social, instances syndicales et associatives, locataires de logements sociaux par exemple, intéressées par les missions de la caisse. Ainsi qu’à des administrateurs et des représentants salariés de la CDC. Le fait d’ouvrir davantage cette commission, sous réserve de développer ses pouvoirs et ses attributions, notamment son pouvoir d’information préalable, serait de nature à éviter certains écueils.
Entretien réalisé par Jacqueline Sellem
l' Huma du 10 / 10 / 07
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire