Santé . Un mois après l’ouverture de nouveaux blocs opératoires, les personnels soignants témoignent de leur épuisement et réclament des embauches.
Un vent de colère souffle sur l’Institut Gustave-Roussy, le très renommé établissement de lutte contre le cancer, à Villejuif (Val-de-Marne). Depuis lundi, les personnels soignants des blocs opératoires et des services d’hospitalisation sont en grève, à l’appel des syndicats CGT et FO, rejoints par SUD. Les salariés ayant été assignés, le service pour les patients n’a pas été interrompu. La direction ne peut pour autant se faire d’illusion sur l’état d’esprit des blouses blanches de l’IGR. « Ras-le-bol », « épuisement », « salariés qui craquent », les mêmes mots reviennent dans la bouche des responsables syndicaux. Effectifs, surtout, mais aussi salaires sont au coeur d’un mouvement déclenché un mois après l’achèvement, le 22 octobre, d’une vaste opération de restructuration architecturale, qui s’est soldée notamment par le regroupement sur un même plateau de tous les blocs opératoires, et par l’ouverture de quatre nouveaux blocs. Une ouverture qui s’est faite « sans personnel supplémentaire », et alors que les soignants en place donnaient déjà de sérieux signes de fatigue. « Un mois après, ça craquait de tous les côtés, les gens étaient en pleurs », rapporte Josiane Delbos, secrétaire du syndicat CGT. L’idée de faire grève s’est alors imposée, et les revendications n’ont pas mis longtemps à se préciser.
« La difficulté de travailler sereinement conduit de plus en plus le personnel à un stress important, pouvant remettre en cause la qualité des soins et la sécurité que l’on doit à nos malades. Les professionnelles que nous sommes n’acceptent plus de travailler dans ces conditions », lit-on dans le préavis de grève reconductible adressé au directeur. Principale doléance avancée : « l’embauche immédiate de personnels soignants ». Quelque 80 membres de l’effectif manquent à l’appel : infirmières, de jour et de nuit, aides-soignants, manipulateurs radio, kinésithérapeutes… À l’heure actuelle, « beaucoup de services sont fermés, faute de personnel. Dans les blocs, 40 % des infirmières panseuses sont intérimaires. L’IGR envoie des patients se faire traiter à l’extérieur par manque d’infirmières de nuit, notamment », indique la CGT. Pour Josiane Delbos, sont en cause à la fois un budget de la santé trop étriqué et « un directeur qui n’entend rien ». Illustration en a été donnée hier par le directeur des ressources humaines qui, au quatrième jour de grève, avait accepté de recevoir des délégations de grévistes. Mais, face à des soignants exposant très concrètement les conditions de travail qu’ils ne veulent plus supporter, invoquant leur conscience professionnelle et le souci des malades, le DRH a « répondu à côté. Rien sur les revendications. Les gens ont le sentiment qu’on se fout d’eux », rapporte Josiane Delbos. Hier soir, la grève était reconduite.
Y. H.
l' Huma du 14 / 12 / 07
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