Hôpital . La population de cette petite ville du Sud-Aveyron est toujours sur le pied de guerre, bien déterminée à sauver « son hôpital ».
Aveyron,
correspondance particulière.
Dès mercredi, les 50 maires du bassin saint-affricain ont lancé un mouvement « mairie morte ». Jeudi, les médecins ont fermé leur cabinet pour se rendre à Rodez, où ils ont symboliquement remis leurs plaques professionnelles, aux côtés des maires qui eux ont rendu leur écharpe d’élus. Une manifestation était prévue pour le samedi suivant, et certains, comme le Dr Mania, envisageaient d’entreprendre une grève de la faim.
le ministère a fait machine arrière…
Mais heureusement, le ministère a fait machine arrière la veille de la manifestation, et Saint-Affrique reste le bastion de la résistance contre les assauts répétés d’une politique gouvernementale qui vise à faire disparaitre les hôpitaux de proximité. C’est la troisième fois de l’année que l’hôpital Émile-Borel en subit les effets.
Tout a commencé en juillet dernier : un article paru dans le Parisien évoquait une vague de « décès suspects », mettant en cause les compétences de l’équipe médicale. Le journaliste avait eu accès à des informations provenant d’une commission d’évaluation de l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH). Ces affirmations ont provoqué un soulèvement général, du côté des élus comme de la population. L’ARH a dû accepter de revoir les pièces versées au dossier. C’est ainsi que des erreurs grossières ont été décelées, l’obligeant à reconnaître qu’elle s’était bel et bien trompée. L’équipe médicale salie attend toujours le démenti promis par M. Gudicelli, l’expert en chef… Mais au début du mois d’août, l’essentiel semblait acquis : le service de chirurgie était sauvé.
Au mois de septembre, le député Alain Marc (UMP), et le maire de Saint-Affrique Alain Fauconnier (PS) ont été reçus par le cabinet de Roselyne Bachelot pour mettre au point un nouveau protocole. À l’issue de cette entrevue, les deux élus sud-aveyronnais sont rentrés au pays satisfaits.
Mais la joie fut de courte durée : un mois plus tard, une lettre de cadrage est arrivée sur le bureau du directeur de l’établissement. Elle devait officialiser les décisions prises oralement au mois de septembre. Mais une clause inattendue est apparue : la chirurgie était maintenue… Sauf la nuit, le week-end et les jours fériés. Consternation, incompréhension et colère : cette mesure allait à l’encontre des engagements pris quelques semaines auparavant et plaçait les médecins dans une situation absurde, et ingérable. Absurde, car l’équipe médicale est au complet 24 heures sur 24, 365 jours par an, pour assurer la sécurité de la maternité. Ingérable, car à 17 h 58, cette même équipe peut opérer. A 18 h 01 elle n’en a plus le droit. Le Dr Arnould, représentant des médecins généralistes du bassin saint-affricain, lors de la réunion publique d’informations ironise : « Choisissez bien vos heures d’appendicite ou de hernie… »
Plus sérieusement, cette clause est le point de départ d’un mécanisme qui met en jeu le pronostic vital de l’établissement. En effet, il entraîne irrémédiablement une baisse d’activité aggravée par la « fuite » de certains patients qui préféreront s’adresser « ailleurs », de peur de trouver un service fermé, ou de risquer un transfert sur un autre hôpital. Si la chirurgie est mise à mal, ce sera au tour de la maternité de succomber, suivie de près par les urgences, tout ça au nom d’un « pseudo-rationalisme budgétaire imbécile », ajoute le Dr Arnould. Et si l’hôpital Émile-Borel disparaît, environ 3 000 personnes se retrouveront à plus de trois quarts d’heure d’un hôpital, sans compter les difficultés de circulation sur des routes de campagne, notamment en période hivernale.
… MAIS la vigilance reste de mise
À Saint-Affrique, une bataille a été remportée mais la vigilance reste de mise, car l’on s’attend à ce que le gouvernement revienne à la charge. Le village des irréductibles défenseurs des hôpitaux de proximité, siège social de la Coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité (1), se tient déjà prêt.
(1) www.touchepasàmonhosto.com
Audrey Barat
l' Huma du 03 / 12 / 07
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