jeudi 26 juin 2008

Pouvoir d’achat et campagne de pub

Mis en ligne : 25 juin

Il y a au moins une profession en France qui ne pourra pas se plaindre pour son pouvoir d’achat : celle des publicitaires. Sarkozy vient en effet de leur allouer cinq millions d’euros pour orchestrer une campagne de pub sur le thème : mais si, votre pouvoir d’achat augmente !

Pour l’Elysée, le mécontentement populaire ne serait qu’un malentendu. Nos concitoyens ne sauraient pas assez tout ce que le gouvernement a entrepris pour redresser leur pouvoir d’achat. Ils se seraient trop focalisés sur des mesures du type « paquet fiscal »…Pour le premier ministre, ce serait la faute à l’INSEE coupable de ne pas livrer de bons chiffres de croissance liés à la si bonne politique mise en place depuis un an sans que l’on s’en rendît compte jusque là.

Bref à défaut de convaincre les Français qu’ils n’ont aucune raison de se plaindre, il faut ouvrit le parapluie : le gouvernement ferait tout ce qu’il pourrait et pas que pour les riches. A voir, quand le même jour, obligé de suivre l’inflation qui repart au galop, l’on apprend que le SMIC horaire sera augmenté de huit petits centimes d’euro le premier juillet. A voir quand on voit la manière qu’a le pouvoir de maltraiter l’allocation de rentrée scolaire ou de racketter les allocations familiales : cela fera deux cents millions d’euros de moins pour les familles.

Mais les « Français qui réussissent » - c’est ainsi qu’on les appelle dans les documents de la campagne officielle, vont bénéficier du bouclier fiscal leur permettant de ne pas payer plus de 50% d’impôts. « Il n’y aura pas beaucoup de viande le mois prochain », ce sont des phrases que l’on entend aujourd’hui : pour des millions de travailleurs pauvres, le logement et la voiture pour aller au travail sont passés devant le poste alimentaire en France en 2008 !

C’est ainsi que le pouvoir d’achat est devenu la première attente des Français avec la santé et les retraites, au rythme des attaques menées par le nouveau pouvoir. Mais alors que les prix du pétrole flambent, le premier ministre préfère se défausser sur « les partenaires sociaux » pour remettre à plus tard d’éventuelles solutions. Ou bien vanter l’hypothétique « maison à 15 euros par jour » sans le terrain. En la matière, guère besoin de campagne publicitaire, le message est clair : « Si vous êtes riche, enrichissez-vous davantage, si vous êtes pauvres, endettez vous ». Ou faites les soldes.

Ou, si vous faites partie des six millions de salariés concernés par la participation ou l’intéressement, vous pourriez avoir accès plus tôt à votre argent placé. Ou, si vous vous comptez au nombre des trois millions et demi de salariés du privé concernés par les RTT, vous pourriez vous faire payer celles que vous ne prenez pas. Ou si vous avez le bonheur de travailler dans les secteurs du bâtiment, des travaux publics, de la restauration ou de l’hôtellerie, vous aurez « une véritable bouffée d’oxygène » en travaillant encore plus en heures supplémentaires. Là encore, nul besoin de sous-titre : comme pour le SMIC, la porte de l’augmentation des salaires est vérouillée à triple tour. Quand c’est le premier motif de conflits dans les entreprises, voilà qui s’appelle encore et toujours voler au secours de ceux qui profitent du travail des autres.

Alors que les effets de la crise financière née de la spéculation immobilière aux USA commencent à se transmettre à l’économie réelle en Europe, le gouvernement n’entend pas changer de cap. Il n’est pas question d’envisager des politiques publiques en matière de crédit ou d’investissement dans les transports en commun ou le logement social. Il n’est pas question de s’attaquer un tant soit peu aux milliards d’euros de profits captés par les grands groupes du CAC 40. Mais il s’agit d’accentuer la surexploitation du travail et la mise en concurrence des salariés et des générations. Eux devraient payer comptant l’addition des soubresauts à venir. Une campagne de pub ne suffira pas à faire oublier la réalité de cette vie.

site du P.C.F

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