jeudi 7 août 2008

Les banques ne sont pas sorties d’affaire

Les effets cumulés de la crise financière et du ralentissement économique font chuter les résultats des grands groupes bancaires.

Alors que la Réserve fédérale américaine (FED) s’est réunie hier pour analyser la crise financière et décider de l’opportunité ou non de réévaluer son taux directeur, l’ancien président de l’institution Alan Greenspan lâchait tout de go dans un entretien au Financial Times que « les craintes de faillites ne sont pas, à l’heure actuelle, complètement dissipées ». Par conséquent, insistait-il : « Il pourrait y avoir des banques et d’autres institutions financières, au bord de la faillite, qui devront être sauvées par leur gouvernement. » Partie voici un an d’outre-Atlantique, la crise des subprimes (crédits hypothécaires immobiliers à risque) continue de secouer l’économie mondiale. Malgré les aides importantes accordées par les banques centrales aux établissements banquiers pour éviter les faillites, les résultats financiers rendus publics ces jours-ci montrent que la crise est loin d’être achevée. Le groupe belgo-néerlandais de banque et d’assurances Fortis a annoncé lundi avoir dégagé un bénéfice net trimestriel divisé par deux. HSBC, banque britannique et premier groupe bancaire européen, jusqu’alors relativement épargné, a fait état, le même jour, d’une baisse de 29 % de son bénéfice semestriel. Dans un communiqué, son président, Stéphane Green, explique que « les marchés financiers ont connu au premier semestre 2008 les pires conditions depuis plusieurs décennies ». Pour lui, « les perspectives à court terme demeurent extrêmement incertaines ».

Car s’ajoute à la crise financière une panne économique qui arrive à grands pas. L’une n’étant d’ailleurs pas étrangère à l’autre. Les banques générant moins de bénéfices, elles prêtent moins et contribuent de ce fait à ralentir la consommation, qui reste un des piliers essentiels de la croissance. Or une partie des experts en économie de la Fed n’excluent pas une croissance négative aux États-Unis au quatrième trimestre par l’effet cumulé de la poussée inflationniste et de la déprime du marché de l’immobilier. Après la Fed, la Banque centrale européenne (BCE) doit aussi se réunir cette semaine. Mais, là encore, la prudence devrait motiver une posture d’attente. Après un relèvement de 0,25 % le mois dernier, un maintien à 4,25 % des taux directeurs pour l’euro semble se décider. Une hausse des taux de crédit est difficilement envisageable dans un contexte de croissance morne.

Paule Masson

l' Huma du 06 / 08 / 08

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