mardi 5 février 2008

FRANCHISES MEDICALES : Sarkozy persiste et signe .

Santé . Alors que le chef de l’État affirme financer son « plan Alzheimer » avec les franchises, les opposants dénoncent « une logique purement financière ».

« À ceux qui ne veulent pas des franchises, qu’ils viennent dire aux Français comment on paye les dépenses supplémentaires ! » Le président de la République persiste et signe. Le 1er février, dans son discours de présentation du plan Alzheimer, Nicolas Sarkozy a de nouveau défendu le principe des franchises médicales, qui doivent rapporter 850 millions d’euros par an. « Sans les franchises, c’eût été un déficit supplémentaire », a-t-il déclaré à Sophia-Antipolis. « C’est un engagement financier majeur qui ne devait pas se faire au détriment des comptes de l’assurance maladie, qui sont déjà déficitaires (…). Comment venir présenter des dépenses supplémentaires sans les recettes supplémentaires ? »

c’est de la pure et simple « provocation »

Le président démontre, s’il en était besoin après sa bévue sur la prise en charge des franchises par les mutuelles complémentaires, « sa piètre connaissance du dossier », dénonce dans un communiqué commun Bruno-Pascal Chevalier, ce malade du sida qui entamé une grève des soins pour dénoncer l’instauration des franchises, et le docteur Christian Lehmann, à l’initiative de l’Appel contre les franchises. Pour eux, c’est de la « provocation » pure et simple. « Chaque jour, des patients fragilisés découvrent la réalité des franchises. Tout le monde est d’accord sur ce point. Pour preuve : parmi les signataires de la pétition, il y a aussi des militants de droite. Du côté des élus de la majorité, c’est silence radio. Même la ministre de la Santé ne s’exprime pas sur le sujet. Cela veut tout dire… », estime Bruno-Pascal Chevalier.

La présidente de France-Alzheimer, Arlette Meyrieux, s’est elle-même montrée très prudente à l’annonce de ce plan. « On ne sait pas vraiment la part (des franchises) qui reviendra à Alzheimer », a-t-elle fait savoir, mettant en garde contre le risque de « culpabiliser » les personnes atteintes de maladies. En effet, les 850 millions d’euros que sont censées rapporter les franchises doivent financer le plan Alzheimer mais aussi la lutte contre le cancer et le développement des soins palliatifs.

Devant ces objectifs, on se doute bien que les franchises seront insuffisantes. Pourtant, il existe des solutions. À l’automne dernier, le président de la Cour des comptes, Philippe Séguin, a indiqué qu’une taxation des stock-options pourrait rapporter 3,5 milliards de recettes supplémentaires par an pour la protection sociale. Une idée à peine retenue par Nicolas Sarkozy et les parlementaires UMP, qui se sont contentés de reporter le projet à dans quatre ans, préférant « aller chercher de la menue monnaie dans la poche des plus malades », insistent les opposants aux franchises.

La mobilisation contre les franchises est donc plus que jamais d’actualité. À ce jour, l’appel contre les franchises a engrangé près de 150 000 signatures, à rajouter aux 200 000 récupérées par les retraités de la CGT. Le collectif anti-franchises appelle d’ailleurs à un rassemblement vendredi 8 février, à la clôture des états généraux de l’organisation des soins.

Alexandra Chaignon

l' Huma du 04 / 02 / 08

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