jeudi 7 février 2008

Le scandale des petites retraites .

Protection sociale . Nicolas Sarkozy annonce aujourd’hui le calendrier 2008 des réformes. Il promet d’augmenter le minimum vieillesse, mais « oublie » les millions de petites retraites.

Le chef de l’État réunit cet après-midi à l’Élysée les représentants des syndicats et du patronat pour fixer l’agenda 2008 des « réformes » de la protection sociale. Retraites, assurance maladie, dépendance, famille : dans sa boulimie de remises en question du modèle social, Nicolas Sarkozy veut ouvrir l’ensemble de ces chantiers quasi simultanément. Dans l’immédiat, à quelques longueurs d’une échéance électorale qui pourrait s’avérer délicate pour la majorité UMP, il est probable que, comme le redoutent les syndicats, le rendez-vous d’aujourd’hui se résume à une séance d’affichage, l’annonce des décisions douloureuses étant renvoyée après le scrutin. C’est particulièrement vrai s’agissant des retraites. On sait, ici, l’intention du gouvernement d’imposer, lors du « rendez-vous d’étape » de la réforme de 2003, prévu pour le printemps prochain, un allongement de la durée de cotisation à 41 ans d’ici à 2012, ce qui laisse présager, en l’état actuel de l’emploi, une dégradation du niveau des pensions.

13 millions de retraites,en recul constant
Mais, aujourd’hui, à - l’Élysée comme à Matignon, on préfère mettre l’accent sur la promesse, réitérée hier à l’Assemblée par François Fillon, de revaloriser de 25 %, à partir de cette année et d’ici à 2012, le minimum vieillesse et de porter à 60 %, au lieu de 54 % actuellement, le niveau des pensions de réversion. Six cent mille personnes, n’ayant pas ou peu travaillé en général, touchent cette prestation, qui n’est pas une retraite mais un minimum social, comparable au RMI (voir encadré), et qui s’élève à 628,11 euros. Non négligeable, l’effort annoncé doit être relativisé : ainsi augmenté, le minimum vieillesse resterait au-dessous du seuil pauvreté. Surtout, il laisse entier le problème du pouvoir d’achat des 13 millions de retraites, en recul constant depuis des années. Et là, le gouvernement n’est pas parti pour inverser la tendance : pour 2008, les pensions ont été royalement relevées de 1,1 %, soit moins que le rythme actuel de l’inflation (2,5 %). Quant aux basses pensions proprement dites, abusivement assimilées dans son discours au minimum vieillesse, Nicolas Sarkozy n’a, à ce jour, rien promis de précis. Or elles sont légion.

le coût des réformes Balladur et Fillon

Selon la dernière étude officielle réalisée sur le sujet, un salarié sur deux, ayant une carrière complète à son actif, part actuellement avec le minimum contributif, soit moins de 600 euros par mois, à quoi il faut ajouter une retraite complémentaire estimée en moyenne à 150 euros. Et le phénomène est en croissance régulière : les bénéficiaires du minimum contributif représentaient seulement 33 % des pensions attribuées en 1990, 40 % en 2000. Explication ? C’est le résultat de la précarité croissante de l’emploi, dont les femmes font les frais plus souvent qu’à leur tour, et des réformes Balladur et Fillon qui, en modifiant le calcul des pensions (notamment par la prise en compte des « 25 meilleures années »), en dégrade le niveau année après année. Pourtant, retraité ou actif, personne ne peut vivre avec moins que le SMIC (à peine plus de 1 000 euros net), souligne-t-on à la CGT, tout en réclamant une mesure de « rattrapage » immédiate de 200 euros pour toutes les pensions. Le « président du pouvoir d’achat » sera jugé à l’aune de ces attentes.

Yves Housson

l' Huma du 06 / 02 / 08

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