jeudi 1 mai 2008

Primaire : les syndicats s’inquiètent, le ministre se fâche

Éducation . Les transformations opérées dans la version finale des programmes présentée hier n’ont pas suffi à résorber l’inquiétude des enseignants. Ce qui agace Xavier Darcos.

Il suffit ! Xavier Darcos ne l’a pas caché, hier, au moment de présenter la version finalisée des nouveaux programmes de l’école primaire : il est agacé. À l’heure où certains manifestent leur mécontentement dans la rue, le ministre de l’Éducation a exprimé le sien face à des journalistes venus en masse prendre connaissance des textes qui seront appliqués dès la rentrée prochaine.

Les enseignants qui lui réclament toujours plus de moyens, les pédagos qui critiquent ses consignes, les - fédérations de parents d’élèves qui taxent ses propositions de projet libéral : tous le fatiguent, pour ne pas dire plus, quand leurs griefs, affirme— - - - t-il en substance, reposent sur une mauvaise foi évidente. « On me dit que les programmes de 2002 n’ont pas eu le temps de faire leurs preuves. Mais je ne vois pas l’utilité de sacrifier une génération supplémentaire pour avoir la preuve de leur inefficacité », fustige le ministre, se référant aux 15 % d’échecs graves constatés à l’issue du primaire. « On me dit que ma démarche s’est faite sans concertation, poursuit-il. Or, nous avons consulté 380 000 enseignants et réalisés 1 100 synthèses de ces consultations. » Au reste, continue le ministre, « une enquête réalisée à notre demande par la SOFRES révèle que 81 % des parents d’élèves interrogés sont favorables au recentrage sur les fondamentaux ». Assez, donc, des polémiques qui n’ont d’autres ressorts que les « clivages idéologiques ». « La question n’est plus de savoir si l’on est de droite ou de gauche, mais si l’on est conservateur ou réformiste », a assené le ministre, classant, sans les nommer, syndicats d’enseignants, FCPE et mouvements pédagogiques dans la première catégorie.

Une réforme ramenée à 36 pages

Réformer : Xavier Darcos se montre bien décidé à le faire, même si la dernière mouture des futurs programmes révèle une prise en compte des avis exprimés depuis le mois de février (lire ci-après). L’apprentissage « par coeur » (vocabulaire, calcul mental et grandes dates historiques), qui faisait redouter une mécanisation des enseignements, est relativisé, quand les nouveaux textes insistent un peu plus sur l’expérimentation et le travail autonome des élèves. De même, la notion de cycle qu’affectionne le corps enseignant est, elle, réaffirmée.

Cela dit, l’essentiel ne change pas. Ramenés à 36 pages au lieu d’une centaine précédemment, les textes recentrent les apprentissages sur les fondamentaux que sont les maths et le français. Les chapitres concernant l’instruction civique et morale, qui valorisent l’apprentissage de maximes (« La liberté de l’un s’arrête où commence celle d’autrui »), de symboles de la République (la Marseillaise, le buste de Marianne) ou de l’Union européenne (hymne européen) occupent toujours une place conséquente, mordant, singulièrement, sur l’histoire-géographie.

Appel à la grève le 15 mai

« Le ministre a été obligé de reculer sur certains aspects », reconnaît Gilles Moindrot, secrétaire général du SNUIPP-FSU, principal syndicat du primaire. « Son renoncement à faire de la maternelle un pré-CP est une amélioration incontestable. » Le syndicat ne valide pas pour autant le projet ministériel, dont il continue d’exiger la remise à plat. « Des aspérités ont été gommées, mais un problème essentiel demeure, insiste Gilles Moindrot. Les programmes sont globalement plus lourds tandis que le volume horaire des enseignements est en baisse : cela crée un malaise professionnel sérieux. » Il devrait s’exprimer le 15 mai prochain, alors que les syndicats du primaire maintiennent leur appel à la grève.

Marie-Noëlle Bertrand

l' Huma du 30 / 04 / 08

Aucun commentaire: