Répression . La justice reproche au secrétaire CGT des cheminots une opération « péage gratuit » lors de la grève de novembre.
« C’est une attaque politique pour intimider les syndicalistes et toutes les personnes susceptibles de s’opposer au gouvernement », commente Éric Ferreres, secrétaire général de la CGT des cheminots de Toulouse. « Le plus choquant, c’est d’être attaqué à titre personnel, pour une action qui était collective. » Le responsable syndical a appris mi-juillet que le parquet de Toulouse, suite à une plainte de la société ASF (Autoroutes du sud de la France), a engagé contre lui des poursuites pour « entrave à la circulation et distribution de tracts sur la voie publique ». Il est convoqué ce matin à la maison de justice de Toulouse pour une audience de conciliation avec le médiateur de la République.
Les faits visés par la plainte remontent au 16 novembre dernier. Dans le cadre du mouvement contre la casse des régimes spéciaux de retraite, l’intersyndicale des cheminots décide ce jour-là une action au péage de Toulouse-Nord. Environ quatre cents cheminots, accompagnés de quelques agents EDF-GDF et d’étudiants, participent. « Pendant une heure trente, nous avons levé les barrières du péage et distribué des tracts expliquant le conflit », se souvient Laurent Brun, de la CGT-cheminots, qui décrit une action parfaitement encadrée : « La gendarmerie était présente. Éric Ferreres faisait l’intermédiaire. Nous avons suivi toutes les consignes de sécurité. L’opération s’est déroulée dans le calme et sans dégradation. Le rapport de la gendarmerie ne fait pas état de problèmes particuliers. » D’après lui, ASF demande 9 000 euros de dommages et intérêts pour le manque à gagner du péage, et 374 euros pour la dégradation de barrières et d’écrans. « Pour nous, il n’y a pas eu de dégradation, conteste le syndicaliste. Quant au manque à gagner, ASF ne peut rien prouver car elle n’a pas de constat d’huissier. »
Aujourd’hui, Éric Ferreres compte refuser toute conciliation : « Si j’acceptais une amende en échange de l’abandon des poursuites, j’admettrais une responsabilité. Il n’en est pas question. » L’intersyndicale des cheminots a envoyé un courrier au médiateur et à ASF pour demander que cette attaque personnelle contre le leader syndical soit levée. Ce matin, un rassemblement de soutien à Éric Ferreres est organisé à 11 heures devant la maison de la justice de Toulouse.
Fanny Doumayrou
l' Huma du 11 / 08 / 08
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