mercredi 12 novembre 2008

Un communiste anti-sionste bouscule.....

Un communiste anti-sioniste bouscule le maire de Tel-Aviv lors des municipales

Mercredi 12 Novembre 2008 - 13:57

Ron Huldaï, maire de la capitale depuis dix ans, est menacé par Dov Hanin, un député communiste qui proteste contre « l’occupation ». Ce dernier est devenu un phénomène national

Un communiste anti-sioniste bouscule le maire de Tel-Aviv lors des municipales

Les élections municipales n’intéressent pas grand monde en Israël. En règle générale, le taux de participation au scrutin ne dépasse jamais la barre des 30%. Mais à Tel-Aviv, la campagne a priori soporifique s’est rapidement transformée en événement politique national grâce à Dov Hanin, un obscur du parti communiste judéo-arabe « Hadash » venu défier Ron Huldaï, le maire de la ville en place depuis dix ans et soutenu par tous les partis traditionnels.

Marié, père de trois enfants et député depuis 2006, Dov Hanin était tellement peu connu au début de la campagne pour les élections municipales qu’il ne figurait même pas dans les sondages. A l’époque, personne ne prêtait d’ailleurs attention à une liste regroupant des éclopés de la société israélienne et dont le leader promettait entre autres d’ouvrir des abris municipaux pour les réfugiés du Darfour qui affluent dans l’Etat hébreu.


A contrario, fier de son glorieux passé de pilote de chasse et de héros de la guerre du Kippour, Huldaï semblait devoir être réélu sans contestation possible. Mais le vent a tourné. En quelques semaines, les intentions de vote en faveur de Dov Hanin sont passées de 2,5% à 26%. En revanche, Huldaï est passé de 59% à 46%. « A l’échelle de Tel-Aviv, l’irruption de Dov Hanin est un phénomène aussi révolutionnaire que la victoire d’Obama aux Etats-Unis, explique la politologue Nora Bergman. Car ce député fait une ascension fulgurante alors qu’il se proclame antisioniste. Simple sergent durant son service militaire, il a ensuite été condamné à une peine de prison militaire pour avoir refusé d’être envoyé dans les territoires palestiniens en tant que réserviste ».

Pour ajouter à cette image de marginal de la société israélienne, il refuse de décoller de son banc de député lorsque l’on joue la Hatikvah (ndlr : l’hymne national) dans l’hémicycle de la Knesset. « Je proteste contre l’occupation », dit-il.

Il y a quelques années, un tel pedigree aurait exclu le député du débat politique, mais cette fois, c’est le contraire qui s’est produit. Non seulement Dov Hanin a imposé son discours « différent » dans les médias, mais il est aussi devenu une figure nationale puisque son cas a suscité de nombreux articles et reportages télévisés. En outre, il a engrangé de nombreux soutiens. Entre autres, ceux de l’ex-ministre Yossi Sarid - l’une des gloires de la gauche israélienne - ainsi que d’une dizaine de vedettes de la télévision, du cinéma et du show-business qui ont réalisé bénévolement un clip soutenant sa candidature.

Diplômé en sciences politiques et en droit de l’Université de Tel-Aviv, docteur en droit de l’Université d’Oxford, Dov Hanin n’est pas très charismatique. Plutôt timide, il ressemble à un grand échalas mal à l’aise avec ses bras et s’exprimant toujours à voix basse. « Il séduit la jeunesse parce que son comportement teinté de romantisme diffère de celui du personnel politique israélien classique », affirme le chroniqueur politique Meïr Rozen. « Certes, avec quatre députés, le parti “Hadash” ne représente pas grand-chose en Israël. Mais Dov Hanin, qui est le seul député juif de cette formation (ndlr : les autres sont arabes) est intelligent. Il a un projet et des idées. En deux ans, il a effectué un travail de géant à la Knesset en faisant voter une série de lois portant sur la défense de l’environnement ainsi que sur une série de questions sociales. Grâce à la campagne pour les municipales à Tel-Aviv, il s’est fait connaître sur l’ensemble du territoire israélien. Son image de redresseur de torts de gauche tombe à point au moment où ce courant politique - et le camp de la paix en général - se cherchent de nouveaux chefs de file. »

Nicolas Maury

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