Alors que la ministre met en avant un nouveau décret rédigé avec quatre syndicats minoritaires, la coordination des universités appelle à bloquer les campus.
« Scandaleusement insuffisantes ! » C’est ainsi que les enseignants-chercheurs, réunis en assemblée générale à Paris-XII vendredi dernier, ont qualifié les réponses du gouvernement. Pour la coordination nationale des universités, les principaux motifs de la mobilisation, qui démarre en ce lundi sa sixième semaine de grève, ont été complètement évacués du cadre des discussions engagées entre Valérie Pécresse, la CPU (Conférence des présidents d’université) et quatre syndicats. Mise au point de taille, s’il en fallait une : les enseignants-chercheurs ont affirmé « le caractère non représentatif et non légitime de la CPU, qui n’a pas vocation à négocier avec le gouvernement ».
parodie de dialogue
Car, depuis le début du conflit, le bureau de la CPU n’a cessé de se présenter comme l’interlocuteur « incontournable » de la ministre. Une aubaine pour cette dernière, qui n’a cessé de s’appuyer sur les présidents pour maintenir l’image d’un pouvoir à l’écoute. En témoigne le dernier communiqué de la CPU, daté du 5 mars, qui se félicite « du rétablissement des conditions de dialogue » et évoque « des avancées sérieuses ».
Dans la machine bien huilée des apparences médiatiques, la communauté universitaire résiste. Votant à l’unanimité la reconduite de la grève lancée le 2 février, les 500 délégués mandatés par toutes les universités et organismes de recherche ont démontré vendredi leur niveau de détermination. Dès les premières prises de parole, les questions des formes d’action et du durcissement de la grève se sont posées avec autant de vigueur que l’exigence nette de l’abrogation de la LRU et du « pacte pour la recherche ». Parmi les 84 universités françaises, une dizaine d’entre elles (Toulouse-II, université du Maine, Pau, Bordeaux-III…) ont déjà entamé un blocage partiel ou total. À leur énumération, l’amphithéâtre a répondu par de vifs applaudissements. Forte d’une manifestation suivie jeudi par près de 50 000 personnes, la coordination nationale a redit sa volonté « d’extension du mouvement de la maternelle aux universités », appelant à la journée de mobilisation nationale ce mercredi 11 mars. La construction de cette convergence s’appuie sur le constat collectivement partagé d’un projet de « casse du service public d’enseignement ». En première ligne : les futurs enseignants des premier et second degrés : « Nous refusons la transformation du corps enseignant en un vivier de contractuels précaires, l’institutionnalisation de la vacation, l’affaiblissement du contenu disciplinaire et professionnel dans la formation des enseignants, la suppression de l’année de stage rémunérée qui garantit aux fonctionnaires stagiaires une formation au sein des IUFM, en alternance avec au maximum un tiers-temps devant les élèves. »
marchandisation
La première motion votée par la coordination exige donc « le retrait pur et simple et sans condition de ce projet de réforme néfaste ». Enfin, la coordination s’est prononcée de manière plus large sur les politiques européennes de l’enseignement et de la recherche actuelles, dénonçant « une marchandisation des savoirs à l’échelle de l’Europe », et a appelé « à participer à la mobilisation européenne contre cette politique, du 18 au 20 mars 2009, à l’occasion du sommet européen portant sur la mise en oeuvre de la stratégie de Lisbonne ».
Ixchel Delaporte
l'Huma du 09 / 03 / 09
mardi 10 mars 2009
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